Le Chant de la Gargouille

(D. Postal /A. de Courson)
Paroles

Autrefois, j’étais Gargouille, j’avais le ciel comme maison
Et de mon poste d’observation, je contemplais les hommes… avec passion
Mais un jour de grand vent, soulevée, déracinée,
Je suis tombée avec fracas sur le dos d’un grand chapiteau
Une voix de femme m’est parvenue :
“c’est la gargouille du grand Beffroi, qui vient de tomber des nues…”

 

Je suis ton spectateur unique
Dans ce cirque
Où il n’y a
Pas un chat
J’admire tes bottes en galuchat

 

Quelque part qu’on dit Terre promise
Tu te hisses sans le moindre émoi
Au balcon d’étoiles qui s’irise
De celles qui n’ont brillé qu’une fois

 

         Moi j’appartiens au monde gothique
         Gargouille, j’ai sauté du grand beffroi
         Et condamnée au ciel c’est stupide
         La voûte a cédé sous mon poids

 

Au ciel tu me fais la nique
Et tes soeurs dressent le grand pavois
Tu défiles comme un générique
Où tu montes je ne te suivrai pas
Les cloches sonnent c’est le branle-bas
Faut-il vraiment qu’elles se déclinent
Je sais les femmes qui vibrent en toi
Tes soeurs, tes folles et l’Enfantine…

 

         Là-haut, tout là-haut station paradise
         Trapéziste, tu te hisses sans le moindre émoi                      
          Au balcon d’étoiles qui s’irise
         De celles qui chutèrent plus d’une fois

 

Le rossignol qui s’égosille
Nous dit la mort
Qui l’endeuilla
Il est des femmes
Que l’on fusille

 

L’éclair de ton fouet est magique
Elles glissent sans faire un seul pas
Eva, Nana, Carmen, la Pasionaria
Lola la brune, Esmeralda

 

         Au rendez-vous des Gourgandines
         Gargouille, je me terre et reste sans voix
         Mais toi, trapéziste, là-haut tu scintilles
         Au balcon de cet opéra

 

Un bruit d’ailes je m’casse en deux
La revoilà la Messagère
L’oiseau-lutte a repris ses jeux
Salut Mésange charbonnière
Ô dis-moi où tu fus prisonnière
Dans quel canal on te jeta
Réapprends-nous à voler droit
En poussant des Alléluias

 

         Au rendez-vous des Gourgandines
         Tes soeurs, tes folles, elles sont toutes là
         Au rendez-vous des Gourgandines
         Inventons tout… le monde… est vieux

 

Quelque part station Paradise
Tu te hisses sans le moindre émoi
Je veux ma place, je veux ma place
Tout en haut de l’église
Moi, Gargouille, j’ai sauté du grand beffroi.